La Chine, ce n’était pas mon idée.
Mais la Chine, pourquoi pas.
Je ne parlais pas un mot de chinois, évidemment.
Mais j’habitais alors à Paris dans un quartier où pour manger des nouilles chinoises,
il suffisait d’aller au coin de la rue.  
Et j’y allais souvent, très souvent.

Nous sommes donc partis à 2, avec quelques mots traduits, histoire de pouvoir
acheter un billet de train ou choisir ce que nous allions manger.
J’aimais l’idée d’être complètement perdue et de devoir faire avec.
À Paris, j’étais tout à fait capable de prendre une ligne de bus dans le mauvais sens.
Mais, ailleurs, loin, c’est toujours différent.
Les erreurs peuvent soit vous perdre vraiment, soit vous guider vers quelques merveilles.  

Je sais que ce voyage a duré 1 mois, 1 mois de routes et de rencontres fortuites.
D’échanges de regards, de sourires discrets.
J’en garde le souvenir précieux d’une longue promenade, comme une seule
et même journée incroyablement bien remplie.  
À prendre le temps.
Le temps du voyage.
Quand le quotidien n’a plus sa place, ni les habitudes.
Quand on se laisse glisser par l’envie tout à fait subjective d’aller plutôt par ici que par là.  
Tout est nouveau, tout le temps, tous les jours.
Il n’y a pas d’objectif à atteindre.

J’ai oublié le retour.
C’est un peu comme la fin des films, si personne ne meurt, j’oublie.
Nous avons dû retourner manger des nouilles en nous disant qu’elles n’avaient
plus exactement le même goût qu’avant.

Et puis, j’ai aussi compris ça,
qu’on ne voyage jamais aussi librement que lorsqu’on ne choisit pas la destination.
Pas de déception possible car pas de projections.
J’aime l’idée de ne rien attendre.
Partir et vivre le moment présent.
Intensément, jusqu’à se perdre un peu soi-même.